"L’exploitation industrielle d’ITER ne verra jamais le jour"

Ancien ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement dans le gouvernement Jospin, et député (verts) sortant de Paris, Yves Cochet évoque, dans un entretien qu’il nous a accordé en 2007, la grave crise énergétique qui se profile du fait de la fin du pétrole bon marché. Il condamne le projet ITER de fusion nucléaire qui constitue, à ses yeux, «·une aberration politique·» et «·un phantasme de démiurges·» et préconise la sobriété énergétique qui permettra, seule, de rendre la transition moins douloureuse.

 

 

«·L’efficacité énergétique est primordiale pour répondre au défi du changement climatique »

Les mauvaises nouvelles se multiplient sur le front du changement climatique depuis la parution, en 2007, du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Les pires scénarii identifiés par les scientifiques qui composent cette instance, à l’autorité incontestée, semblent être en passe de se réaliser. La menace d’un dérapage hors de contrôle du climat est plus grande que jamais. Pour infléchir ce processus, réduire

Einfamilienhaus Bizau__Christoph_Lingg_Bregenzerwald_Tourismus

 

 Petite région de 370 000 habitants située à l’extrémité Ouest de l’Autriche, le Vorarlberg est un modèle de développement écologique, social et économique. Et le laboratoire d’une architecture et d’un développement écoresponsables centrés sur la durabilité et la simplicité. Conduit par le même parti de centre droit, ce petit land mise depuis plus de quarante ans sur ses ressources locales et sur la participation citoyenne pour bâtir son avenir. Reportage au pays des sapins blancs et des politiques bottom-up.

 

 

Petite région de 370 000 habitants située à l’extrémité Ouest de l’Autriche, le Vorarlberg est un modèle de développement écologique, social et économique. Et le laboratoire d’une architecture et d’un développement écoresponsables centrés sur la durabilité et la simplicité. Conduit par le même parti de centre droit, ce petit land mise depuis plus de quarante ans sur ses ressources locales et sur la participation citoyenne pour bâtir son avenir. Reportage au pays des sapins blancs et des politiques bottom-up.

 

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Lui, le paysan taiseux du Bregenzerwald l’avait compris bien avant les autres. C’est de l’union et de la coopération entre les hommes que nait le développement harmonieux et la prospérité d’une collectivité. Il y a presque un siècle, en 1923, la petite commune de Langenegg était scindée en deux : Langenegg le haut et Langenegg le bas. Propriétaire de plusieurs dizaines d’hectares de terres à cheval sur ces deux villages, le paysan madré scella un accord avec les maires des communes. « Je vous donne toutes mes terres à condition que vos deux communes fusionnent pour n’en faire qu’une. » C’est ainsi que les deux villages se sont réunis pour former Langenegg. C’est aujourd’hui une jolie bourgade rurale de plus de 1000 âmes. Barbe de deux jours et sourire jusque aux oreilles, Georg Moosbrugger, le jeune bürgermeister prend plaisir à conter l’histoire de sa commune. Depuis son bureau tapissé de lambris et de parquets massifs fleurant bon les essences naturelles, on aperçoit au loin, petites tâches marron sur fond vert tendre, des troupeaux de vache paître dans la vallée. De l’autre côté de la rue principale, deux élégants cubes en sapin et verre voisinent avec de gros chalets fleuris bardés de bois. C’est le Café Stopp et le jardin d’enfants. Ces deux bâtiments répondant au standard Passiv haus ont été réalisés en 2004 par le cabinet d’architecte Fink + Thurnher. Juste à côté de la mairie trône un grand rectangle recouvert de bardages de bois : c’est l’épicerie qui a ouvert en 2008. Ces trois bâtiments ont été réalisés dans le cadre de l’opération Stopp in Langenegg. Lancée à la fin des années 1990, elle visait à redonner vie à un bourg qui s’éteignait lentement : entreprises qui ferment, population vieillissante, équipements publics obsolètes. Première étape de la revitalisation : créer un véritable centre dans un village qui en était privé. L’accent est mis sur l’installation d’équipements publics qui sont aussi des lieux de sociabilité : café, épicerie, jardin d’enfants. La commune ayant amorcé au début des années 1990 une politique de développement durable (capteurs solaires sur la mairie et la salle de sport), c’est tout naturellement au sapin blanc local que l’on a eu recours pour bâtir. Une essence qui couvre les 9 /10èmes de la surface de la commune. Les nouveaux immeubles publics sont reliés à la centrale à la biomasse qui alimentait déjà plusieurs bâtiments municipaux grâce à un réseau de chaleur. Un peu plus loin trône une autre institution de la commune : la Bach Hus. Cette ancienne et massive bâtisse a été rénovée pour y loger un coiffeur, un cabinet médical et plusieurs habitations. En 2008, lors de l’inauguration de la nouvelle épicerie, le maire, très à l’écoute de ses administrés, décide de lancer une monnaie locale, les Talents, pour soutenir le commerce de proximité. Ces billets ornés de photos des hauts lieux de Langenegg, sont acceptées dans tous les commerces mais aussi à la mairie pour le paiement des loyers et des charges. «Nous versons une partie de nos subventions en Talents, insiste le maire. Cela permet d’injecter de la monnaie locale dans le circuit et de renforcer la confiance des citoyens envers cette nouvelle unité d’échange. ». « Utilisez votre talent » : le slogan de la campagne de sensibilisation a fait florès. Réunions publiques, fêtes de village, association des jeunes au dispositif : tout a été mis en œuvre pour convaincre les habitants de consommer en Talents à l’épicerie plutôt qu’au supermarché situé à une quinzaine de kilomètres.

Aujourd’hui, 70% des foyers de la commune utilisent des Talents. L’équivalent de 130 000 euros circule contribuant ainsi au développement économique du village et au maintien des entreprises. En moins de 10 ans, plus de 200 emplois ont été créés. Et la petite bourgade, qui cumule les Prix environnementaux, est aujourd’hui la commune du Brengenzerwald qui connaît la plus forte croissance de sa population.

Langenegg n’est pas la seule commune du Vorarlberg à avoir joué la carte monnaie locale. Les premiers Talente-Tauschkreis (littéralement Cercle d’échanges de talent) ont été lancés en 1996. Plus de 3 millions de Talents sont aujourd’hui en circulation utilisés par 2000 personnes. Les Talente-Tauschkreis font figure de modèle en Europe. Gernod Jochum-Müller est l’un des initiateurs du système. Cheveux gris en bataille, chemise blanche et cravate noire, il nous reçoit, dans les bureaux de son cabinet de Conseil, implanté à Dornbirn, la capitale économique du land. « On peut lancer une monnaie locale pour des tas de raisons : soutenir des produits et commerces locaux, jouir de davantage de temps libre pour s’adonner à ses hobbies, mais aussi et surtout valoriser le lien social, la confiance, l’échange non spéculatif pour promouvoir une nouvelle économie plus fraternelle, », explique t-il dans un anglais hésitant.

Nous y voici. Renforcer le capital social. C’est le cheval de bataille principal du Vorarlberg. Seuls, un lien social solide et des relations humaines riches et confiantes entre citoyens peuvent permettre de développer un projet commun et d’asseoir le succès économique du territoire. Et, dans cette optique, la monnaie locale complémentaire constitue un outil essentiel. « Les Talents réveillent la responsabilité individuelle et créent du lien : ils favorisent la coopération au lieu de la concurrence, la reconnaissance des valeurs au lieu de la recherche du profit », résume l’architecte Dominique Gauzin-Müller, rédactrice en chef du magazine d’architecture Ecologik et auteur d’un ouvrage sur le Vorarlberg.

 

Sur les pas des Baukünstler

Abrité derrière des barrières naturelles - lac de Constance à l’Ouest et massif alpin à l’Est- le Vorarlberg fut longtemps une région très pauvre. C’est aujourd’hui le land le plus riche d’Autriche. Sa croissance, qui oscille en moyenne entre 2 et 4%, a atteint 3% en 2011. Ici, c’est l’écologie et le développement durable qui ont été les moteurs du boom économique. Tout a commencé dans les années soixante autour d’une poignée d’hommes motivés –des architectes issus du mouvement des Baukünstler, les artistes du bâtiment- qui sont su entraîner une part de plus en plus large de la population dans une démarche de développement durable. Plutôt que des bâtiments spectaculaires, ils ont préféré construire des maisons individuelles minimalistes s’inscrivant avec bonheur dans le paysage, adaptées aux besoins et au budget de leurs clients ; des logements sociaux répondant au label Passivhaus et des immeubles d’entreprises et bâtiments d’usines aux lignes simples et épurées. Leur art du bâti a profité à la population et participé à l’essor économique du land.

Maisons particulières cubiques avec toits terrasses, vastes centres communaux en sapin blanc, bâtiments industriels à ossature et bardage de bois. Les constructions en bois compactes et aux lignes épurées ménageant de larges ouvertures vitrées sont omniprésentes dans le paysage. Sur les collines et montagnes, à la périphérie et au cœur des villages. Mais aussi le long des routes, où d’élégants abribus design, en bois ou en pisé, signés par des architectes de renom balisent les itinéraires des cars. Toutes ces constructions récentes côtoient, dans un mariage réussi entre modernité et tradition, les chalets anciens, aux toits de bardeaux, percés de petites fenêtres. Les Baukünstler ont apposé leur marque partout. A Hittisau, riante commune du Bregenzerwald, la réalisation de la salle des fêtes a été confiée à l’une des stars de l’école d’architecture locale : Hermann Kaufmann. Titulaire de la chaire européenne bois à l’Université technique de Munich, c’est l’un des piliers du secteur. A cent mètres de là, un bâtiment multifonctionnel, conçu par les architectes Cukrowicz et Nachbaur, héberge, dans le même volume, une salle de musique et un espace d’exposition.

Dans le Vorarlberg, on pense globalement tout en agissant localement. Pour mettre en valeur les ressources du land et soutenir l’activité régionale, les Baukünstler ont misé sur une ressource locale, renouvelable et abondante : le bois. Ce matériau naturel stocke le carbone et lutte contre l’effet de serre. Un tiers de la surface du land est couvert de forêts. Depuis la fin des années 1990, la filière table sur le sapin blanc, l’or vert de la région. C’est un bois clair et élégant, issu d’un arbre qui résiste bien à la tempête. Il stabilise les sols et limite les glissements de terrains grâce à ses racines profondes. Le recours à cette ressource locale a permis de créer des emplois dans les zones montagneuses et de limiter ainsi l’exode rural. Grâce à l’implantation de scieries, d’entreprises de charpente, de menuiserie et autres fabricants de panneaux, plus de 3500 personnes vivent, aujourd’hui, de l’exploitation du bois d’œuvre et de chauffage. De nombreux architectes étant issus de familles de charpentiers et de menuisiers, une collaboration harmonieuse s’est naturellement mise en place. L’alliance entre architectes et professionnels des métiers du bois a été scellée en 1997 avec la création du cercle de qualité Holzbau Kunst (Art de la construction en bois). Celui ci regroupe toute la chaîne de la filière bois, de la coupe au bâtiment et au meuble. En une poignée d’années, Matthias Ammann, le créateur du cluster et les entreprises associées, sont parvenus à doper l’économie du secteur : croissance de 20% par an de la sylviculture et du sciage, explosion du chiffre d’affaires des entreprises de charpente (+60%), hausse de l’emploi dans le secteur (+ 15%) et boom des exportations (40%). Les clés du succès ? L’amélioration de la qualité des constructions grâce à un programme de formation, l’organisation de concours récompensant les meilleures réalisations en bois du land. Et un intense travail de lobbying auprès des politiques comme de la société pour valoriser le bois… et le travail manuel.

 

L’école d’architecture du Vorarlberg

« Habitués à la pauvreté, nous avons appris à tirer le meilleur du peu que nous avions », insiste Dietmar Eberle de son accent guttural. Cet architecte est une des figures marquantes de l’Ecole de construction du Vorarlberg célébrée pour ses constructions qui figurent parmi les plus créatives du globe. On compte aujourd’hui, dans ce land de la taille d’un petit département français, près de 150 agences d’architectes qui emploient plus de 800 personnes. Nombreux sont les commerçants, hôteliers et industriels à avoir investis dans des bâtiments de qualité, conçus comme des cartes de visites. Des réalisations haut de gamme qui contribuent à fidéliser clients et personnels tout en contribuant au développement du tourisme architectural devenu un véritable marché.

« Vous autres, vous faites de « l’Architecture », nous, dans le Vorarlberg, nous construisons », soulignait Rudolf Wäger, résumant la différence entre les pratiques de ses confrères viennois et celles des praticiens du Ländle. Ce Maître charpentier a été le pionnier des « maisons minimales ». Il a réalisé, à Götzis en 1965, une maison auto-construite pour un petit budget : un cube à ossature et bardage en bois avec des baies vitrées horizontales.

Les caractéristiques de l’Ecole  du Vorarlberg ? Simplicité, pragmatisme et solutions innovantes. « On note une utilisation intelligente des matériaux qui tient à une conscience de la rareté des ressources. Et un grand raffinement dans les détails », confirme Marina Hämmerle, l’ancienne directrice de l’Institut d’architecture du land, en sirotant une tassé de thé, installée au Theatercafe de Bregenz, la capitale politique et touristique du Land. Au sortir du café, on tombe nez à nez avec un imposant immeuble en construction dominant le lac de Constance. C’est le Vorarlberg Museum. Premier musée au label « Habitat passif », il rouvrira ses portes au mois de juin, après trois années de travaux d’extension. Ici aussi, les architectes Cukrowicz et Nachbaur, a misé sur des matériaux naturels : parquets en chêne massif, murs recouverts d’enduits à l’argile sélectionnés pour leur capacité à emmagasiner de la chaleur, et à la restituer lorsqu’il fait plus froid.

Côté habitat individuel, la tendance est aux maisons en bois compactes et très économes en énergie. Plus d’un millier d’entre elles détiennent le label Passivhaus. Elles consomment moins de 15kWh/m2/an pour le chauffage. Tous les logements sociaux construits depuis 2007 doivent répondre à ces mêmes exigences. Les économies d’énergie dans l’habitat ont été encouragées par un généreux système de crédits à taux préférentiel et par des primes à l’installation d’énergies renouvelables. «C’est un moyen très efficace pour amener les gens à réduire leur consommation énergétique. Un particulier qui utilise les aides de manière optimale, peut obtenir jusqu’à 1 000 euros de crédit préférentiel par m2. Un tel niveau de subvention n’existe nulle part ailleurs en Europe, » souligne Manfred Rein, ancien ministre de la Construction.

En 2005, le Vorarlberg a été élu land le plus durable de l’Arc alpin avant d’être classé, en 2006, parmi les régions les plus novatrices d’Europe par l’Assemblée des régions européennes.

Ici, bon nombre de petites communes sont équipées de confortables Centres communaux. Ainsi de Ludesch, bourgade de 3300 habitants blottie au Sud du land, tout au fond d’une vallée, à proximité de la réserve de Biosphère de la Grosse Walsertal. Impossible au touriste de manquer cet élégant bâtiment en U planté en lisière de la commune, adossé aux champs. Articulé autour d’une place publique recouverte d’une toiture en verre supportant des modules photovoltaïques, il réunit mairie, café-restaurant, jardin d’enfants, bibliothèque, bureau de Poste et locaux associatifs. Depuis la mairie perchée à l’étage de l’immeuble, la vue sur la chaine de montagne, à travers les larges baies vitrées, est à couper le souffle.

Grosses lunettes en écaille noires, air volontaire et gestes secs, Paul Ammann, l’initiateur du projet et précédent maire de la commune, nous attend planté devant son ancien bureau.

« Construire un immeuble « passif », c’est agir en guide. L’exemple doit venir des élus. Beaucoup de bureaux d’étude et d’architectes français sont déjà venus à Ludesch. Qu’attendent-ils pour en faire autant ?», lance l’ancien maire. Le Centre Communal de Ludesch, véritable Mecque du développement durable, a déjà attiré des milliers de professionnels du bâtiment, français et étrangers, spécialisés dans les constructions à très basses consommations d’énergie.

Construit en 2004 par Hermann Kaufmann, l’immeuble, isolé à l’aide de laine de mouton et de cellulose, et construit en sapin blanc des forêts communales a permis à Ludesch de s’inventer un centre bourg. Avant de lancer le projet, une large consultation publique a été menée auprès de la population. Un groupe de travail a été créé visant à faire émerger les besoins des habitants « La construction du centre a fait l’objet d’une démarche participative exemplaire, insiste Paul Ammann très fier du succès de « son » Centre communal. Et le surcoût dû à l’utilisation de matériaux écologique s’est limité à 1,8% », sourit-il.

 

Vers l’autonomie énergétique ?

Ces succès écologiques, fruits de l’engagement de toute la population en faveur de la protection de l’environnement, sont aussi à mettre au crédit d’une politique publique volontariste poursuivie dans la durée. Herbert Sausgruber, ministre-président du land entre 1997 et 2011, a fait de la protection du climat et de la limitation des gaz à effet de serre la pierre angulaire de sa politique. Son objectif ? Atteindre l’autonomie énergétique en 2050. A cette date, l’électricité, le chauffage et les carburants devront tous être issus de ressources renouvelables locales. « Pour y parvenir, les autorités misent, comme l’association française NegaWatt, sur le trio sobriété, efficacité énergétique et énergies renouvelables », explique Dominique Gauzin-Müller.

Aujourd’hui, l’énergie hydraulique couvre 97% des besoins en électricité du land. Une centaine de centrales de chauffage à bois avec réseau de chaleur -une par commune- ont été mises en services en quinze ans. Le nombre d’installations solaires photovoltaïques encouragées par un prix de rachat très attractif est, lui aussi, en forte hausse. En 2008, 160 000 m2 de capteurs solaires thermiques pour l’eau chaude sanitaire avaient déjà été installés dans le Vorarlberg, soit 0,45 m2 par habitant, vingt fois plus qu’en France. La même année, 20% de l’énergie nécessaire au chauffage était fournie par la biomasse.

Epaulées par l’Institut de l’énergie du Vorarlberg, les communes figurent aux premières postes de la lutte contre le changement climatique. Josef Mathis, maire depuis 31 ans de Zwischenwasser, une commune de 3000 habitants située sur les contreforts des Alpes, est l’un des plus engagés. Cet ancien carrossier, l’air réservé et le propos mûrement réfléchi, a créé en 1982 l’un des premiers Conseils en architecture et développement communal. Sur les étagères du petit bureau du centre social dans lequel il nous reçoit trônent une flopée de trophées nationaux et internationaux récompensant la démarche éco-responsable de sa commune. Josef Mathis milite depuis toujours pour l’énergie solaire. Partisan d’une politique bottom-up, il implique systématiquement ses administrés dans la réalisation des projets municipaux. En 1994, une chaufferie centrale à la biomasse est créée qui alimente tous les bâtiments municipaux. En 1997, un ensemble de citoyens crée un Groupement d’intérêt économique pour la construction d’une centrale photovoltaïque installée sur le toit de l’Institut de formation. Trois cent soixante quatre habitants en sont à la fois les investisseurs, les propriétaires et les exploitants. C’est ici aussi qu’a été construite, en 1990, la première école solaire d’Autriche. Au volant de la petite voiture électrique de la mairie en autopartage, Joseph Mathis nous conduit vers le hameau de Dafins –l’un des trois villages qui compose la commune- où se trouve le bâtiment. Après avoir traversé un cours d’eau, essuyé quelques virages en épingles à cheveux, puis traversé une forêt, Dafins se profile. Perchée à flanc de montagne sur une pente dominant la vallée du Rhin, l’école primaire, orientée plein sud, est chauffée à 80% par le soleil. Les capteurs ont été habilement intégrés à la façade et à la toiture. « En Autriche, les länder sont très autonomes et organisés de façon décentralisés. Chacun a ses propres lois, ce qui donne des possibilités de développement inouïes », souligne le maire sur le chemin du retour.

Non loin de Zwischenwasser, dans la vallée du Grosse Walserthal, se trouve une autre commune exemplaire d’un point de vu environnemental. Blons et ses 400 habitants ont réalisé, en 2004, ce qui était alors le plus grand parc photovoltaïque privé d’Europe. Dans la journée, les modules se déplacent d’est en ouest pour épouser les mouvements du soleil.

 

Le Bureau des questions du futur

Look d’étudiant, tee shirt gris tombant sur un jean délavé, Manfred Hellrigl nous accueille dans un petit bureau perché à l’étage d’un morne bâtiment administratif de Bregenz. Une citation d’Einstein encadrée orne un mur de la pièce. « Un problème créé ne peut être résolu en réfléchissant de la même manière qu’il a été crée ». Chaleureux, attentif, le regard vif, Manfred est le directeur du Bureau des questions du futur, une structure qui a marqué un réel changement de paradigme dans la gouvernance du land.

Ce bureau a été créé en 1999 en s’inspirant des travaux du politologue américain Robert Putnam. Celui-ci a démontré que dans les régions ayant un fort capital social, la santé est meilleure, l’efficacité économique plus élevée et les tensions sociales plus faibles. Le Bureau des questions du futur est directement rattaché au ministre-président du land. Il est doté de compétences transversales touchant l’environnement, le social, l’économie, les transports et la construction. Ses missions essentielles ? La prospective et le soutien au bénévolat et à l’engagement citoyen. « Les gens ne veulent plus qu’on leur impose des solutions. Ils ne veulent plus des recettes toutes faites, insiste Manfred Hellrigl. Il faut en finir avec les politiques top-down qui sont inefficaces. Notre rôle, ici, consiste à aider des groupes locaux à développer leurs propres solutions, à lancer des ponts entre les gens en assurant un travail de médiation ».

Parmi les campagnes à succès orchestrées par le Bureau des questions du futur figure l’opération « Fahr-rad » qui a permis de développer considérablement les déplacements à vélo dans le land. La petite équipe de Manfred Hellrigl a accompagné également une opération visant au maintien de commerces de proximité en milieu rural. Et aussi un projet baptisé « Vivre ensemble » qui encourage la mixité des générations. « Aide toi, le land t’aidera », pourrait être son slogan. Manfred est un lecteur attentif des écrits d’Otto Scharmer. Ce consultant en leadership, auteur de la Théorie U est le chantre du « Presencing », une pratique collaborative visant à insuffler une nouvelle vitalité aux équipes et organisations pour accompagner le changement de paradigme. « Il faut apprendre le lâcher-prise, l’abandon. Arrêter de vouloir tout contrôler. Plus on contrôle, moins il y a de vie », souligne Mandfred Hellrigl tout sourire. Son dernier succès : le gouvernement du Land du Vorarlberg vient de modifier la constitution pour favoriser la participation des citoyens.

 

Eric Tariant

 

 

Lire : « L’architecture écologique du Vorarlberg , un modèle social, économique et culturel», de Dominique Gauzin-Müller (Editions du Moniteur 2009).

 

Séjourner :

Pour en savoir plus :

Office national autrichien du Tourisme

http://www.austria.info/fr

Tél : 0811 60 10 60

 

Gasthof Krone à Hittisau : Un Hôtel historique plein de charme rénové en 2011

Platz 185,

6952 Hittisau.

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www.krone-hittisau.at

Téléphone :+43 5513 62 01

 

Hotel Krone à Au

Jaghausen 4

6883 Au

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www.krone-au.at

Tel : + 43/5515/22010

 

Hotel Martinspark à Dornbirn

Mozarstrasse 2

6850 Dornbirn

www.martinspark.at

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Tel : +43 5572 3760

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous avez dit addiction ? Le monde consommait, au milieu des années 1950, 4 milliards de barils de pétrole par an. Nous en brûlons, en ce début de XXIe siècle, plus de 30 milliards chaque année. Aujourd’hui, alors que le pic pétrolier a été atteint et que les découvertes de nouvelles réserves se raréfient, le sevrage s’impose. Le mouvement des villes en transition prépare l’ère de l’après pétrole en s’appuyant sur des centaines d’initiatives locales. L’objectif ? Reconstruire la résilience des territoires pour les rendre moins dépendants des énergies fossiles. « Et si ces défis énormes portaient en eux l’espoir d’une renaissance économique, culturelle et sociale sans précédent ?» s’interroge Rob Hopkins, le fondateur du mouvement.IMG 2277

 

Plus de la moitié de la population de la planète, soit 3,3 milliards d’habitants vit, aujourd’hui, en milieu urbain. De tels chiffres permettent de comprendre l’engouement actuel d’une partie de la société civile et des élus pour les écoquartiers. Economes en énergie et en sol mais aussi en transports, ceux-ci sont conçus de façon à aider les habitants à adopter des modes de vie écologiques et durables. Pour tirer le meilleur profit de ces infrastructures, l’adhésion des habitants est cruciale. La meilleure façon d’obtenir cette adhésion est de les associer étroitement à la conception, à l’aménagement puis à la gestion de leur quartier.

 

Des maisons productrices d’énergie, des panneaux photovoltaïques à profusion, plus de 400 kilomètres de pistes cyclables, un réseau de transports publics performant, des espaces naturels préservés. Bâtie au pied de la forêt noire, à quelques kilomètres de Mulhouse et de Bâle, Fribourg-en-Brisgau, fief des Verts allemands, mène depuis plus trente ans une ambitieuse politique écologique. Le quartier Vauban, bâti au sud de la ville, est une des réalisations pilotes de cette éco-ville vers laquelle convergent les élus et autres militants associatifs convaincus qu’il est urgent d’inventer la société de l’après-pétrole.

 

Rénovation d’un quartier ancien à Copenhague

La ville de Copenhague est parvenue à réduire de 23% ses émissions de C02 entre 1990 et 2000. Dans le cadre de son Agenda 21, elle s’est fixé pour objectif une réduction supplémentaire de 12% de ses émissions d’ici 2010. Gros plan sur une de ses vitrines écologiques, le quartier de Vesterbro, qui a fait l’objet d’une rénovation urbaine en misant sur l’adhésion des habitants.

 

La Suède est l’un des pays développés qui émet le moins de C02 par habitant. Un succès à mettre au crédit de la fibre écologique des Suédois mais aussi d’une politique publique volontariste. Enquête au pays des lacs, des sapins et des élans, dans une démocratie parlementaire qui s’est fixée pour objectif de préserver le bien être des générations futures.

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«·Nous voyons déjà les premiers signes d’une société post-capitaliste·»

Le capitalisme a profondément changé depuis les années 1980 avec l’arrivée aux «·affaires·» de Ronald Reagan aux Etats-Unis et de Margaret Thatcher en Grande Bretagne. L’argent est devenu roi entraînant une progression des inégalités qui rappelle la situation de la fin du XIXe siècle, une marchandisation généralisée, une déconnexion entre la production matérielle et les flux financiers, une

 

Le changement climatique est devenu «·la·» question globale qui conditionne l’avenir de notre planète.· Et la paix dans le monde en découle. C’est ce qu’a voulu souligner le Comité Nobel en attribuant, en 2007,·le Prix Nobel de la Paix au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et à l’ancien vice-président Al Gore, auteur du livre et du film Une vérité qui dérange. «·J’espère que l’attribution du Nobel créera un sentiment d’urgence face à la question du réchauffement climatique,·» lançait alors· Rajendra Pachauri, président du GIEC.

Citation

"L'utopie est un mirage que personne n'a jamais atteint, mais sans lequel aucune caravane ne serait jamais partie."

Proverbe arabe

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