Pour Hervé Kempf, journaliste au Monde, nos démocraties glissent peu à peu· vers «·une forme oubliée de système politique·: l’oligarchie, le pouvoir de quelques uns qui délibèrent entre eux des solutions qu’ils vont imposer à tous.·». Un constat exagéré ? 

Hervé Kempf est l'auteur de deux essais («·Comment les riches détruisent la planète·» publié en 2007; «·Pour sauver la planète, sortez du capitalisme·» de 2009) qui dénonçaient avec force le rôle néfaste joué par une classe dirigeante aveugle qui refuse tout changement et s’arc-boute de manière aveugle à une idéologie néolibérale qui conduit le monde au chaos. Il démontre dans son dernier livre, L'oligarchie, ça suffit, vive la démocratie, que la démocratie est bel et bien attaquée par cette caste égoïste et cupide qui s'emploie à faire adopter les lois les plus appropriées au maintien de ses intérêts.

Les indices d'une telle dérive ne manquent pas. Violation manifeste des droits des peuples français et néerlandais en leur imposant par le Traité de Lisbonne un texte, le Traité constitutionnel européen,qu’ils avaient majoritairement rejeté par référendum en 1995. Démantèlement progressif des services publics auxquels la population, en France notamment, se déclare pourtant très attachée. Forte progression des inégalités dans un monde qui ne cesse de s'enrichir. Erosion du sens de l’éthique et de la notion de service de l’Etat qui se traduit par la multiplication des pantouflages de hauts fonctionnaires qui partent faire fortune dans le privé après quelles années passées dans des cabinets ministériels.

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Une école pour oser ensemble dans la joie et l'humilité

De profonds changements impactent aujourd’hui nos sociétés contemporaines. Des changements qui par leur ampleur, leur rapidité, leur diversité, brouillent les repères, les grilles de lecture, quand ils ne questionnent pas notre avenir. Ces changements nous pouvons essayer de les anticiper ou continuer à les subir. Dans tous les cas, ils appellent l'ouverture, le doute et les approches "pluridisciplinaires" pour inventer d'autres manières d'être et d'agir ensemble dans des espaces réinvestis (espaces territoriaux et espaces d'appartenance). Ces évolutions complexes, multiples nécessitent de nouvelles grilles de lecture, de nouvelles approches en matière d'échanges, de formations, de productions. Dans ce contexte, "l'Ecole de la Nature et des Savoirs", créée en 2006 par Eric Julien * et Muriel Fifils, se veut un lieu d'expérimentation et de partage au quotidien des nouvelles façons d'être et d'agir qu'appelle le monde de demain.

 

«·Une fraternité de la nuit se réveille qui agrège tous les fronts de résistance·»

Réquisitoire sans appel contre le capitalisme financier globalisé et sur les violences qu’il suscite dans les pays du Sud, «·La haine de l’Occident·» est le dernier tome d’une trilogie entamée par Jean Ziegler en 2002.

Dans «·Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leurs résistent·», le rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation (2001-2008) dénonçait «·les nouvelles féodalités·» que constituent, à ses yeux, les sociétés multinationales privées de l’industrie, de la banque, du commerce et des services qui organisent sciemment la rareté pour maximiser leurs profits et mènent une guerre économique permanente qui détruit les plus faibles. «·L’empire de la Honte·» (2005) s’intéressait à deux des armes -la dette et la faim- utilisées par ces firmes transnationales pour mettre en coupe réglée les peuples de l’hémisphère Sud. Cette violence économique, qui ne fait que prolonger, selon l’auteur, cinq siècles de domination antérieurs nés avec les conquêtes coloniales, poursuivis par la mise en esclavage des populations noires d’Afrique puis le colonialisme, suscite aujourd’hui une très forte hostilité, une «·haine de l’Occident·» qui paralyse l’action de la Communauté internationale. ·Pour désarmer cette haine et réamorcer le dialogue,

Sa capacité d’indignation face aux injustices et aux violences du monde est restée intacte. A 75 ans, Jean Ziegler est de tous les combats.

Rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, il s’insurge contre l’abandon des cultures vivrières au profit des biocarburants qui constitue à ses yeux un véritable «·.crime contre l’humanité·» à l’heure où plus de 900 millions de personnes sont gravement et en permanence sous-alimentées à travers le monde. Elu au Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, il dénonce 

Un cours__BrockwoodIl faut d’abord et avant tout parvenir à se défaire de la peur.

 

« La vérité est un pays sans chemin », aime t-il souligner citant Krishnamurti. Bill Taylor a dirigé l’école de 1997 au printemps 2013. Il est désormais en charge du développement de Brockwood Park. Il évoque dans l’entretien qu’il nous a accordé son cheminement personnel et sa découverte des enseignements de Krishnamurti. A la tête de l’école, il a cherché à maintenir vivant l’esprit et les principes éducatifs insufflés par le grand maître spirituel. Quelles graines faut-il planter pour que l’éducation conduise les élèves à devenir des adultes responsables et des êtres humains épanouis, bons et intègres, capables d’affronter leurs peurs, de penser par eux-mêmes, de coopérer avec leurs semblables et de contribuer à la naissance d’une société plus harmonieuse ?

 

Brockwood Park_schhool_le_btiment_principal

Brockwood Park school est un lycée international créé en 1969 par le philosophe et éducateur Jiddu Krishnamurti (1895-1986). Il est implanté en pleine campagne, au Sud de la Grande-Bretagne dans le Hampshire, à quelques kilomètres de Winchester. C’est une école singulière où la quête de ses propres talents et la recherche d’un mode de vie juste, respectueux des hommes et de la planète, prime sur la course aux examens et aux diplômes. Reportage.

 

Entretien avec Ha Vinh Tho, coordinateur du Centre du Bonheur national brut au Bhoutan

 

photos Ha_Vinh_Tho_6Né il y a soixante ans d’un père vietnamien et d’une mère française, Ha Vinh Tho s’est orienté vers l’éducation puis la pédagogie curative après avoir découvert la philosophie et la pédagogie de Rudolf Steiner. Après un doctorat en sciences de l’éducation, ce disciple de Thich Nhat Hanh et enseignant dans la tradition du maître zen vietnamien a dirigé le centre de formation du Comité international de la Croix Rouge chargé de former les délégués partant sur le terrain en situation de conflit.

« Quand j’ai été nommé coordinateur du Centre du Bonheur national brut, j'ai eu l'impression que je parvenais à une dimension de synthèse d’un élément clé de ma réflexion : comment articuler transformation personnelle et transformation sociale.

 

Une école pour oser ensemble dans la joie et l'humilité

De profonds changements impactent aujourd’hui nos sociétés contemporaines. Des changements qui par leur ampleur, leur rapidité, leur diversité, brouillent les repères, les grilles de lecture, quand ils ne questionnent pas notre avenir. Ces changements nous pouvons essayer de les anticiper ou continuer à les subir. Dans tous les cas, ils appellent l'ouverture, le doute et les approches "pluridisciplinaires" pour inventer d'autres manières d'être et d'agir ensemble dans des espaces réinvestis (espaces territoriaux et espaces d'appartenance).

Malgré l’importance des moyens financiers et humains mobilisés contre la maladie, on compte chaque année, en France 280·000 nouvelles personnes atteintes de cancer, et 150·000 décès. Ne faut-il pas, dans ce contexte, repenser les stratégies de lutte et réorienter les recherches vers la prévention pour éviter l’aggravation du désastre·? Dominique Belpomme, professeur de cancérologie à l’Université Paris-V, médecin à l’hôpital européen Georges Pompidou et président de l’association pour la recherche thérapeutique anticancéreuse (ARTAC) et Geneviève Barbier, médecin généraliste, nous livrent leurs réflexions.

Citation

"L'utopie est un mirage que personne n'a jamais atteint, mais sans lequel aucune caravane ne serait jamais partie."

Proverbe arabe

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