Transports propres_en_SudeMise en place d’un péage urbain, politique d’encouragement des véhicules dits propres, flotte de bus roulant aux énergies renouvelables : Stockholm fait feu de tout bois depuis le milieu des années 1990 pour limiter la pollution et les émissions de gaz à effet de serre.

 

Des terminaux aéroportuaires entièrement chauffés et climatisés grâce à la géothermie. Une navette ferroviaire labellisée 100% électricité renouvelable qui relie en vingt minutes l’aéroport au centre ville. Une noria de taxis « verts » prioritaires à la sortie de l’aérogare. Stockholm, qui entend sortir complètement des énergies fossiles en 2050, affiche son engagement écolo dès le sas d’entrée dans la capitale : l’aéroport d’Arlanda.

 « Donner la priorité aux taxis qui roulent aux énergies renouvelables a joué un rôle déterminant pour inciter les chauffeurs à s’équiper de véhicules « verts »,» explique Eva Sunnerstedt, chargée du développement des transports « propres» à la mairie de Stockholm.

Si la chasse au C02 menée par Stockholm dans le secteur du bâtiment est d’ores et déjà couronnée de succès-grâce aux réseaux de chauffage urbain alimentés par des biocombustibles qui ne génèrent pas d’émissions polluantes, la tâche s’avère être plus délicate dans celui des transports. Au niveau national, les émissions de dioxyde de carbone issues des transports routiers n’ont cessé d’augmenter depuis les années 1990. Pour tenter de résoudre ce casse tête, le gouvernement a encouragé l’utilisation de véhicules « propres »  en misant, un temps, sur des primes à l’achat, des taxes plus légères et des parkings gratuits. Grâce à ces mesures, les immatriculations de voitures « vertes » ont presque doublé entre 2007 et 2008 à l’échelle du pays. On en dénombrait 188 000 en décembre 2013 rien que dans la capitale. Depuis 2008, le gouvernement a choisi de recentrer ses aides sur les véhicules électriques en multipliant les stations de recharge.

 

Taxi verts

Stockholm mise aussi résolument sur le développement des transports « verts ». En montrant elle même la voie d’abord depuis le milieu des années 1990. Les 780 véhicules qui composent son parc automobile accessible aux fonctionnaires de la ville sont tous, aujourd’hui, des véhicules « propres ». Travaillant en coopération étroite avec les constructeurs automobiles, les distributeurs de carburants et les sociétés disposant d’importantes flottes de voitures, elle encourage l’achat de ces véhicules roulant à l’éthanol, au biogaz, à l’électricité et ceux émettant moins de 90g de C02 par kilomètre en multipliant les campagnes d’information et d’accompagnement. Aiguillonnées par deux lois de 2006 et 2010 qui obligent les distributeurs à fournir des énergies renouvelables, toutes les stations services de la capitale délivrent au moins une variété de biocarburants, cent d’entre-elles proposent de l’éthanol et une trentaine du biogaz. La municipalité stimule le développement de ce marché en exigeant des compagnies de transports et de taxis avec lesquelles elle contracte de passer au vert. Résultat, le nombre de véhicules « propres » n’a cessé de progresser depuis 2004 pour atteindre en 2010 40% des nouvelles immatriculations. Soit un total de 188 000 véhicules « verts » fin 2013.

A Stockholm, 66% des habitants se rendent à leur travail en transports en commun, 19% en voitures. Le solde, à pieds et en vélo. L’usage de la bicyclette progresse de 10% chaque année depuis 2005.

Aujourd’hui, la totalité des 250 bus du centre ville, et 60% des 1800 bus du Grand Stockholm, circulent à l’éthanol ou au biogaz. « Mais, d’ici 2020 toute la flotte du Comté roulera aux énergies renouvelables», note Eva Sunnersdedt.

En 1996, le centre ville de Stockholm est devenu une zone à faibles émissions interdite aux véhicules polluants. Cette réglementation a permis à la capitale de réduire ses émissions de particules fines de 19% et celles de dioxyde d’azote de 4%. En 2007, la municipalité a mis en place un péage urbain. Il a été introduit après une période d’expérimentation du système au premier semestre 2006, suivie par un référendum où les « oui » l’ont emporté à 52%. Très contesté lors des longs mois qui ont précédés sa mise en place, le péage urbain a rapidement par la suite emporté l’adhésion des 2/3 de la population. Le mode de fonctionnement est simple. Un véhicule qui franchit, en semaine entre 6h30 et 18h30, un des 18 péages automatisés paye une « taxe de congestion » variant entre 10 et 20 couronnes (entre 1,05 et 2,10 euros) par passage. Les plaques d’immatriculation des véhicules étant photographiées automatiquement, les usagers franchissent les points de contrôle sans ralentir. Avant de recevoir en fin de mois à leur domicile des factures…très dissuasives.

 

Un péage urbain couronné de succès

« Le péage urbain a permis de réduire de 22% le trafic routier et les encombrements de 30 à 50% », se réjouit Gunnar Söderholm, directeur du Département environnement et santé de la Ville de Stockholm. Il a permis de fluidifier le trafic et d’augmenter la vitesse de circulation des bus et leur ponctualité. Les retombées ont été tout aussi positives en matière de santé publique. Les polluants atmosphériques ont régressé de 10 à 15% dans le centre ville, les oxydes d’azote de 8,5% et les émissions de dioxyde de carbone de 2 à 3 % dans tout le Comté de Stockholm. Des études ont témoigné également d’une baisse de la mortalité liée à une réduction des cas de maladies cardiovasculaires et autres cancers du poumon ainsi que d’une baisse des morts prématurées.

Les métros et bus ont gagné 5% de nouveaux clients. Et la municipalité 80 millions d'euros de recettes annuelles supplémentaires qui lui ont permis d’améliorer son réseau de transports en commun.

Beaucoup reste encore à faire pour libérer Stockholm des énergies fossiles d’ici 2050. Le secteur des transports demeure responsable de 40% des émissions de gaz à effet de serre dans la capitale.

La solution viendra peut-être des biocarburants de deuxième génération par gazéification de la biomasse. Volvo en a mis au point une demi-douzaine qui semble très prometteurs.

 

Eric Tariant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Citation

"L'utopie est un mirage que personne n'a jamais atteint, mais sans lequel aucune caravane ne serait jamais partie."

Proverbe arabe