Une école pour oser ensemble dans la joie et l'humilité

De profonds changements impactent aujourd’hui nos sociétés contemporaines. Des changements qui par leur ampleur, leur rapidité, leur diversité, brouillent les repères, les grilles de lecture, quand ils ne questionnent pas notre avenir. Ces changements nous pouvons essayer de les anticiper ou continuer à les subir. Dans tous les cas, ils appellent l'ouverture, le doute et les approches "pluridisciplinaires" pour inventer d'autres manières d'être et d'agir ensemble dans des espaces réinvestis (espaces territoriaux et espaces d'appartenance).

Ces évolutions complexes, multiples nécessitent de nouvelles grilles de lecture, de nouvelles approches en matière d'échanges, de formations, de productions. Dans ce contexte, "l'Ecole de la Nature et des Savoirs", créée en 2006 par Eric Julien et Muriel Fifils, se veut un lieu d'expérimentation et de partage au quotidien des nouvelles façons d'être et d'agir qu'appelle le monde de demain.

 

 

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Comment est née cette idée de créer une école de la nature et des savoirs·?

Cette idée est née en Colombie, après avoir passé un an dans la Sierra Nevada de Santa Marta. Il était fréquent que des gens me demandent s’ils pouvaient serendre auprès des Kogis pour apprendre. Nous avons songé au départ à créer, sur place, un lieu de rencontre entre la tradition Kogis et des gens intéressés par l’opportunité d’un dialogue avec leur société, qui viendraient de l’étranger. Nous avons changé d’avis, pour des raisons de sécurité, mais aussi et surtout, car les Kogis nous ont signifié à plusieurs reprises qu’il ne s’agissait pas de devenir kogis chez eux, mais de réveiller notre mémoire, ici, en France. Nous avons finalement décidé de nous inspirer des principes de vie que porte leur société, incarnation des principes du vivant pour essayer de réveiller ici, notre mémoire.

 

 

Pourquoi avez-vous implanté cette école dans le Diois·?

Nous recherchions un lieu qui soit loin des zones urbaines et où la nature ait encore un sens, une nature qui n’ait pas trop été travaillée par l’homme afin qu’elle ait une place entière dans ces enseignements.

La Drôme· me convenait bien, car elle était «·entre·»·: entre les Alpes du Nord et les Alpes du Sud, pas très loin de la haute montagne, sans être de la haute montagne. C’est aussi un lieu intéressant, sur un plan géologique, et géobiologique. La vie naturelle y est encore forte et diversifiée.

 

L’école est parrainée par Jean-Marie Pelt et Edgar Morin. Pourquoi avoir choisi ces deux parrains·?

J’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs fois Jean-Marie Pelt qui m’a posé, une fois, la question suivante: «·Comment se fait-il que les Chrétiens qui à l’origine, avaient les mêmes valeurs humanistes que lesKogis soient devenus ce qu’ils sont, donnant naissance à une société barbare dans laquelle les plus forts dominent les plus faibles·? Alors que les Kogis, eux, semblent avoir gardé vivantes ces valeurs·?·». Nos échanges se sont orientés sur la question suivante·: comment un collectif humain peut-il faire vivre· et transmettre des valeurs dans le temps·?

Edgar Morin à, lui, beaucoup écrit sur les thèmes de l’éducation et de la transmission. Il avait développé· un projet d’école en Amérique du Sud autour de concepts présentés dans l’un de ses ouvrages, «·Sept savoirs essentiels pour l’éducation·». Lorsque je l’ai rencontré, j’ai été vraiment séduit par sa qualité d’écoute. Je le tiens au courant de l’avancée du projet. Cette question de la transmission et de l’éducation est une question qui le préoccupe.

 

Il s’agit d’une école, pas d’une université·?

Pour moi, l’idée d’école, appelle l’humilité, cela me plaît bien. Cela fait réagir les gens. J’avais demandé au Cheik Bentounès, maître de la voie soufi al Alawiya, les valeurs qui étaient pour lui ancrées dans une voie d’enseignement. Il a cité en premier l’humilité, puis la joie. Les soufis disent qu’il y a toujours quelqu’un qui connaît davantage de choses que toi.

C’est un véritable effort d’apprendre, de questionner ses croyances, de dialoguer et de douter. Faire cet apprentissage appelle l’humilité.

 

Quelle est la spécificité de cette école·?

C’est une école sans enseignants et sans élèves au sens classique du terme. Il n’y a pas d’un côté des sachant et, de l’autre, des gens qui viennent pour apprendre. Il s’agit plus de mettre en œuvre des conditions pour partager une expertise, des savoir-faire, une vision du monde. Il n’y a pas non plus, de relation maître-élève. C’est plus un chemin, qui s’inscrit dans l’espace et le temps et qui réunit ceux qui savent créer les conditions et ceux qui savent moins, qui peuvent s’approprier ce que les autres savent. Elle se situe un peu dans la logique du compagnonnage. Vivre le groupe et s’interroger sur les relations interpersonnelles et les relations au lieu. Apprendre tout en jardinant par exemple.

Le sachant fait des «·feed back·» mais ne va pas que théoriser ses connaissances et sessavoirs faire.

Nous avons implanté cette école en plein cœur de la nature car la nature doit être la première des enseignantes. On peut tout apprendre dans la nature si l’on y prête attention, tout y est écrit, le don, l’humilité, le pardon, la relation, l’énergie etc.. C’est entre autre pour cela, qu’il est important de vivredans un lieu où la nature est exigeante, où il fait froid l’hiver et chaud l’été. Où il faut aller couper son bois. Jung avait une petite cabane sur le bord du lac de Zurich en face de la maison ou il recevait ses patients. Il venait y passer du temps sans eau courante, ni chauffage, ni électricité. C’était vital pour lui de pouvoir se reconnecter aux éléments et à la simplicité.

Il s’agit aussi de se nourrir des principes de vie qui fondent le fonctionnement des sociétés autochtones, que je préfère appeler peuples racines. Quand on lit des textes écrits par des voyageurs ou des chercheurs, qui ont passé du temps auprès de ces communautés, tous les remercient. Un grand anthropologue, Reichel –Dolmatoff, qui a travaillé longtemps avec les Kogis, disait à la fin de son existence·: «·je suis venu les étudier, force est de reconnaître qu’ils m’ont appris à vivre·».

Dans les derniers cours que Lévi-Strauss a donnés au Collège de France, il évoque encore les peuples premiers par un hommage : «·…à ceux qui m’ont tout appris de la vie·». Un anthropologue suisse qui a longtemps vécu en Amazonie souligne de son côté «·ces savoirs essentiels· que· nous perdons en détruisant ces sociétés. Quelles sont ces savoirs·? Qu’est ce qu’ils maîtrisent encore que nous aurions perdu·? Qu’est-ce qu’ils vivent·? Sur quels principes se basent ces pratiques en termes de vision et de posture au monde. En quoi ces principes peuvent-ils être considérés comme universels, serait-il possible de se les réapproprier dans nos sociétés modernes·? Comment abordent-ils les problèmes d’ego, d’identité et de pouvoir qui empoisonnent tous les groupes humains·? Quand on y regarde de plus près, les sociétés racines ne sont pas sous développées ou archaïques, elles sont différentes, parfois très en avance, dans des domaines essentiels à la compréhension du monde.

Il ne s’agira pas, ici en Occident, de danser avec des plumes d’Ara, mais de comprendre le sens des danses traditionnelles, pour souder une communauté, porter une appartenance, nourrir une identité ou canaliser une énergie.

Ce sont ces passerelles que je souhaite pouvoir approfondir et que l’on essayera de partager au sein de cette «·école·».

 

Votre plaquette de présentation de l’école revient à plusieurs reprises sur le mot «·relier·». Que mettez-vous derrière ce mot·?

Nous sommes avant tout des êtres de relations, avec l’air que nous respirons, nos amis, nos voisins le soleil ou la lune, et nous n’existons pas, hors du champ de la relation. La mise en liens ouvre des possibles et des potentiels. Or, dans nos sociétés modernes, nous devenons des êtres déreliés, du père avec son fils, du mari avec sa femme, des gens avec leurs voisins, des voisins dans la ville, du chef avec son sous-chef, des hommes avec leurs territoires de vie etc. Déreliés, nous devenons des êtres en errance, et la déreliance annonce la souffrance et la maladie. Le mot clé de cette école, pourrait être le dialogue, la nécessité que nous avons de réapprendre à se parler. Il s’agit d’essayer d’apprendre à identifier nos émotions, nos croyances agissantes, pour augmenter notre conscience des êtres, des choses et des phénomènes et tendre vers cette légèreté qui rend la vie supportable.

Il y a une phrase de René Barbier, fondateur de l’Institut des sagesses du monde, que j’aime particulièrement·: «·l’autre fait trembler ma maison intérieur.··L’autre m’interroge sur ce que je ne sais pas de moi·». Accepter de faire trembler ce sur quoi j’ai fondé mes croyances et donc mon rapport au monde. En apparence, les Kogis sont très loin de nous mais, face aux grandes et petites questions existentielles de vie, ce sont nos frères. Société essentialiste, leur posture de vie est tellement radicale qu’elle nous pousse en permanence dans nos retranchements… nous interrogeant en permanence sur ce qui est essentiel et sur ce qui ne l’est pas. Tout y passe, la pauvreté, le progrès, l’industrie, l’économie, l’éducation, l’agriculture etc..

Un mathématicien, Kurt Goedel expliquait que «les paradoxes d’un système ne peuvent s’expliquer dans le cadre de ce système, il est nécessaire d’en sortir pour l’ouvrir à de nouvelles intuitions·». Il faut sortir du système de nos sociétés modernes, l’ouvrir à d’autres regards, si nous voulons en comprendre les dysfonctionnements. Les Kogis peuvent nous y aider. Nous aider à remettre en question ce que l’on croit être une évidence.

 

Quels sont les enseignements essentiels de cette école·?

Il y a quatre volets. Le volet santé, qui offre l’occasion de réfléchir à la question de la maladie et à celle de sa prévention.

Un second volet est consacré à l’agriculture et aux rapports à la terre, un troisième aux relations interpersonnelles, et un quatrième à la question de la transmission. Comment faire en sorte que cette école transmette quelque chose indépendamment des gens qui l’ont créée·? Que faut-il transmettre à qui et pourquoi·?

 

Quel public visez-vous ?

Ce qui m’intéresse c’est l’être humain qui se trouve derrière toute étiquette sociale, qu’il soit cadre ou ouvrier, en devenir, ou en possibilité de transmettre. Il me semble vital d’offrir aux cadres d’entreprises des lieux et des processus de formation où ils puissent aborder différemment les problèmes humains et managériaux qui sont d’ordinaire traités dans des logiques de compétition et de gains de compétitivité qui génèrent de la souffrance. De fait, l’école est multi publics. J’aimerais que des cadres d’entreprises rencontrent des jeunes en réinsertion. Que nous puissions accueillir le grand public, des cadres dirigeants et des étudiants de grandes écoles auxquels nous pouvons offrir l’opportunité de prendre du recul et de découvrir une autre façon de regarder les choses et le monde. A partir du moment où nous sommes, ensemble, immergés en pleine nature, nous sommes bien obligés de compter avec et sur les gens qui sont là. Nous retrouverons des logiques de village et réapprendrons ainsi à discuter avec nos voisins.

 

Les enseignements toucheront donc aussi à l’agriculture?

Il est important de retrouver un rapport vivant à la terre, de la retourner, de comprendre ses cycles, les micro-organismes qui s’y développent

Nous avons fait nos premières récoltes de pommes de terre. Les légumes et fruits que nous produisons servent à nourrir les stagiaires. Ce lien aussi est important. Il faut aussi retrouver la mémoire des habitants territoire, en l’occurrence le Diois, leurs savoirs-faire et transmettre et faire vivre leur mémoire.

C’est une école qui reposera beaucoup sur l’expérience et l’association penser-agir et qui intégrera les différentes dimensions (corps, esprit, raison) pour dépasser la forme, condition pour aller au-delà de ce que je crois être.

 

Quid de la dimension spirituelle·de ces enseignements?

Ce n’est pas un terme que j’utilise beaucoup, je préfère le mettre en pratique. Pour moi, une pensée ou une pratique spirituelle est avant tout une pratique de la pensée «·juste·», donc forcément reliée. Ce n’est pas la peine d’en parler, venons la vivre. L’idée n’est pas de faire la morale, mais de créer les conditions pour que les gens trouvent ce qui leur paraît juste ou pas. Nous essayerons aussi de partager des valeurs, de les mettre en pratique, des valeurs comme la joie et la gentillesse. Être gentil sous entend de s’intéresser un minimum à l’autre, sortir de soi pour aller vers les autres. La gentillesse porte une énergie d’ouverture.·

 

Quelle sera la part des enseignements puisés chez les Kogis au sein de cette école·?

Les sociétés traditionnelles, comme celle des Kogis, sont des sociétés systémiques, qui ont su garder vivants tous les savoirs êtres, savoirs faire qui sont exactement ceux qui nous font défaut aujourd’hui. C’est en cela, qu’ils représentent un miroir et une source d’inspiration extraordinaire. Cela m’effraie parfois de réaliser à quel point leur champ de savoirs est multiforme et immense. Avec eux, j’ai l’impression chaque fois, de repartir à zéro. Ce sont aussi des sociétés, ou le «·faire ensemble·», est un élément clé de leur fonctionnement, de fait, dans cette école on réapprend à faire des choses ensemble. Une pratique nécessaire pour éviter de rester trop abstrait, perdu dans le champ de l’intellect. C’est une façon de faire vivre ce proverbe Tao·: «·Dis le moi et je l’oublie, montre le moi et je le retiens, implique moi et je le comprends· .Un des grands problèmes de nos sociétés et de certains mouvements spirituels est d’être coupé et des sens et du corps.

 

En quoi les Kogis ont-ils un savoir, un patrimoine culturel plus riche que d’autres peuples premiers ?

Un ministre suisse de l’environnement, venu avec des collègues, rencontrer les Kogis les interpella ainsi. «·Nous sommes dix ministres de l’environnement de dix pays riches. Messieurs, Mesdames les Kogis que voulez-vous, de quoi avez-vous besoin·?·»

Les Kogis se sont concertés quelques minutes avant de répondre·: «·rien·». Voila une société qui n’a rien et à laquelle on propose tout et qui dit·: «·non merci, cela va très bien·». Pour nos sociétés modernes, qui passent leur temps et consacrent toutes leurs énergies à courir après le toujours plus, dans une recherche frénétique de possession, c’est une sacrée interpellation. Je ne connais pas beaucoup de sociétés qui aient cette force. Par ailleurs, ils vivent dans une montagne, la sierra Nevada de Santa Marta, la plus haute du monde en bordure de mer, qui représente une véritable maquette de la planète terre posée à l’aplomb de la mer des caraïbes. Cette diversité, que l’on ne trouve pas en Amazonie par exemple, influence directement leur perception du monde, leur manière d’être et d’agir.

Un jour en Colombie, un Kogi âgé de 70 ans que je ne connaissais pas déballe précautionneusement devant moi trois œufs enveloppés dans des feuilles de banane. Il me dit·: «·là où tu vas demain il n’y a rien à manger. Je t’ai amené trois œufs.·» Il était sept heures du matin.

«·D’où viens-tu·?», lui ai-je demandé·? Cet homme avait effectué sept ou huit heures de marche pour venir me porter ces œufs. Il avait pris une journée de son temps pour me déposer trois œufs, ce qui pour lui représente beaucoup. Il ne me connaissait pas, et il venait m’offrir trois œufs, une denrée rare dans cette montagne, avant de repartir chez lui. Pour les Kogis, le don est au cœur de la relation. Chez nous, le don est louche, il dérange. Ils arrivent à faire perdurer leur culture en faisant vivre, et en essayant de transmettre des valeurs de solidarité, de partage, de respect, d’écoute, d’humilité et d’engagement. Des valeurs· qui nous font cruellement défaut en Occident. La mise en pratique de ces valeurs, leur permet de créer des espaces de confiance, ou il est possible, de «·se dire les choses·», même les plus difficiles. Quand une personne s’exprime, tout le groupe va écouter, verbaliser, accompagner. Leur gestion de la parole, de la responsabilité et du respect de la parole, est fascinante.

Ce sont des questions qui, de tout temps et en tous lieux, ont intéressé et intéressent, tout corps social, quel qu’il soit. Il y a des époques où ces valeurs de solidarité étaient très fortes en France. Rappelez-vous le mutualisme dans les régions minières lors des accidents.

Mais l’élément le plus important est sans doute le fait que les Kogis ne se sont jamais déconnectés de la nature, du vivant, ils ont conscience de la continuité et de leur dépendance avec le vivant.

Leurs chamanssuivent dix-huit années de formation dans le noir·; ils sont séparés de leurs parents de leur naissance jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Le seul champ d’investigation qu’ils ont est le corps humain, dans toutes ses dimensions dont la dimension naturelle. C’est là, dans cette incroyable expérience, qu’ils puisent les principes organisationnels, prolongement des lois de la nature, qui organisent leur société. Qu’approchent-ils durant ces dix-huit années de formation·? Ils travaillent la modification de leur rythme cardiaque, des cycles du sommeil, élargissent leur champ de conscience, travaillent sur leurs rêves. Ce qui se passe, la façon dont cela impacte leurs perception de ce qui est, sort largement du strict champ de l’ethnologie, pour aller vers la physique quantique, ou la biologie moléculaire. Le plus étonnant, c’est qu’ils sortent de ces 18 ans d’isolement, étonnement humain, ouverts aux autres et au monde. Une situation, qui résonne étrangement avec la théorie de Jean-Jacques Rousseau, exprimée dans l’Emile ou le traité d’éducation.«·Il est nécessaired’élever le jeune ou l’enfant loin de l’influence corruptrice de la famille et du corps social, dans la nature, seule condition pour permettre l’épanouissement des potentiels de l’enfant.·» C’est un peu ce que vivent les chamansKogis pendant leurs formations. Faut-il en conclure que nos structures éducatives ne sont pas faites pour éduquer·? Mais pour reproduire un modèle social de domination, si possible en améliorant sa position, comme le soutient Henri Laborit·dans son ouvrage «·l’Eloge de la fuite·»·?

 

La richesse et la singularité de la culture Kogi tiendraient notamment au fait qu’ils n’ont pas subi de rupture historique·?

Je me base, pour soutenir cela, sur des écrits d’anthropologues. Il s’agirait de la seule société précolombienne sans rupture historique depuis 4·000 ans. Les Kogis maîtrisent trois langues·: l’espagnol, le kogi commun et une langue rituelle très ancienne. On retrouve dans cette langue ancienne des mots qui semblent les relier aux communautés Mayas d’Amérique centrale. Les Mayas auraient envoyé des jeunes enfants, bien avant la conquête, se faire former chez les Tayronas, ancêtres des Kogis.

 

Pourquoi avez-vous intitulé un de vos livres «·Kogis·: le message des derniers hommes·»·?

Ce titre m’évoque une phrase d’Albert Camus qu’il a prononcé en clôture de son discours, lorsqu’il a reçu le Prix Nobel de littérature en 1957. «·J’ai longtemps cru que ma génération était vouée à refaire le monde. J’ai compris que sa tâche était plus grande encore·: éviter qu’il ne disparaisse.·» Eviter qu’il ne disparaisse, nécessite que l’on comprenne les vrais enjeux de notre temps, et que l’on ait l’audace d’explorer des chemins de traverse pour y faire face, non pas tant pour comprendre mais pour survivre. Que l’on ose être humain ensemble, finalement. Or, peu de société arrivent encore à faire vivre ce rêve.

Il y a beaucoup de peurs derrière nos comportements·: peur de ce que nous sommes (enlever les masques), peur de notre histoire et des émotions qui y sont associées, peur d’oser être différent des autres. Ce sont ces peurs qui bloquent nos vies. Je voudrais que l’école de la nature et des savoirs soit l’école de l’anti peur, de l’humilité et de la joie.

 

 

Eric Julien, est consultant en entreprise, fondateur de l'association Tchendukua Ici & Ailleurs,·et le·fondateur dans la Drôme de·l’Ecole de la nature et des savoirs.

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Ecole de la nature et des savoirs

3, rue Camille Buffardel

26150, Die

Téléphone·:04 75 21 43 84

E.Mail :Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Site·: www.ecolenaturesavoirs.fr

 

 

 

 

 

 

En savoir plus·:

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Eric Julien a fondé en 1997 l'association Tchendukua Ici & Ailleurs dont l'objectif est de collecter des fonds en Europe afin de racheter et restituer leurs terres ancestrales aux indiens Kogis.

www.tchendukua.com

Il est l’auteur de trois ouvrages :

• « Les Indiens Kogis, la mémoire des possibles »,

Actes Sud, 2009

• « Kogis, le message des derniers hommes »,

Editions Albin Michel, 2004

• « Le Chemin des neuf mondes »,

Editions Albin Michel, 2001

Et de deux documentaires·:

.« Le Chemin des 9 mondes », France 3,

(Co-réalisé avec Gilles Combet) 2000

• « Kogis, le message des derniers hommes »,

France 5, 2005

 


Citation

"L'utopie est un mirage que personne n'a jamais atteint, mais sans lequel aucune caravane ne serait jamais partie."

Proverbe arabe

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